Clotaire II by Ivan Gobry

Clotaire II by Ivan Gobry

Auteur:Ivan Gobry
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2012-02-06T05:00:00+00:00


Mais enfin, il lui fallut retourner à ses turpitudes. Elles étaient sa vie. En outre, elle savait, de l'autre côté de cette frontière si frêle qui la séparait de l'Austrasie, Brunhilde et Childebert puissants et glorieux. Comment n'avait-elle pas trouvé jusque-là des sicaires suffisamment habiles pour la débarrasser de ces deux êtres maudits ? Il était nécessaire de tenter de nouveaux coups ; l'un d'eux arriverait bien à réussir un jour.

Pour cela, il fallait employer les grands moyens. En 590, après avoir soigneusement étudié les jeunes guerriers de son entourage, elle en sélectionna douze destinés à partir en même temps ; la police de Childebert était certes vigilante, mais l'un des douze au moins parviendrait bien au bout de sa mission. Les sicaires se déploient donc le long de la frontière de Champagne, et s'avancent séparément à travers le pays, en se donnant rendez-vous aux abords de Metz. Là, ils apprennent que le roi séjourne dans sa villa de Marlenheim en Alsace, à six ou sept lieues de Strasbourg. Séjour privé : il sera plus facile d'approcher la victime désignée. Voilà nos douze tueurs en route pour Marlenheim. Ils ne vont pas pénétrer ensemble dans la résidence royale : ils seraient aussitôt remarqués. Le mieux est d'agir séparément, avec une allure nonchalante et un visage indifférent : comme des touristes.

Le coup le plus facile à préparer est celui qui a réussi avec Prétextat : dans un sanctuaire, pendant un office liturgique. L'un d'entre eux, le chef sans doute, se renseigne : dans un moment, le roi pénétrera dans son oratoire, là, un peu à l'écart des pièces d'apparat. L'apprenti meurtrier s'y glisse, se tapit dans une encoignure, le poignard à la main, l'un de ces fameux poignards préparés par Frédégonde elle-même. Ce sera sans doute par cet endroit que le roi passera pour se rendre à son siège. Mais le petit oratoire de Marlenheim n'est pas la cathédrale de Rouen, ni une vaste basilique de Metz ; un étranger blotti dans un coin ne peut y être pris pour une statue. Quand les gardes que précède le roi pénètrent dans le lieu saint, au premier coup d'œil, ils aperçoivent le missionnaire de la mort. Il est saisi, immobilisé, questionné. Il ne tient pas à avouer sous la torture. Dès le premier contact d'un scramasaxe sur la gorge, il confesse :

– Je suis envoyé par Frédégonde pour tuer le roi.

Évidemment, pour échapper – peut-être – aux supplices, il dénonce ses onze compagnons. Comme Frédégonde choisit mal ses sicaires ! On les appréhende, on les bat, on les mutile ; les uns perdent leur nez, d'autres leurs oreilles, d'autres enfin (les malheureux !) leurs mains. Tous sont expulsés, estropiés à vie. Un châtiment digne de leur maîtresse.

Childebert estima insuffisant de frapper les exécutants. La majesté royale exigeait de frapper à la tête. De dénoncer officiellement la principale coupable, et de châtier ses amis à l'intérieur de l'Austrasie. Et pour rendre les sentences plus solennelles, et peut-être plus efficaces, il convenait de les faire émettre par l'autorité religieuse.



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